Manifeste du mouvement


Le mouvement Art Résilience n'est pas dordre formel, il cherche à redéfinir la notion dart.

 

Nous considérons que :
La définition de l'art est possible.
Le beau est objectif et il est le fondement tout naturel de l'art.
L'expression  formelle doit être libre, mais basée sur l'esthétique qui assure la qualité. 
L'artiste doit être conscient et responsable de ses actes.
L'art est formateur de l'individu et de la collectivité.
   
Le beau
Lorsque tout devient mouvant il n'y a que le beau qui puisse assurer à l'homme un point de référence et lui garantir  un certain équilibre. 
Bannissant le beau de l'art les artistes ont soumis celui-ci à la violence, vulgarité, laideur, vacuité. Pourtant, pour que l'œuvre d'art conserve sa capacité de nous situer dans un espace hors du temps, à nous abstraire à nous-mêmes et nous inclure dans un tout, éprouvant en nous la dynamique même de la vie, le beau est difficile à écarter. Il est immuable et constant.  
L'homme par le sensible perçoit le beau auquel il adhère par l'intelligible car, il y a  coïncidence entre la structure du beau (structure du monde), et la structure du cerveau humain.
Le beau  est majoritairement perçu comme un simple  goût. Toute valeur objective lui est niée.

Mais le beau ne réside pas dans le sujet, la forme ou la couleur mais est subjacent à l'œuvre . Parce qu'il l'englobe, qu'il émane de sa forme comme totalité et non pas de la joliesse du représenté.

C'est une saisie immédiate. Dans cette immédiateté, apparaît la vision du tout ontologique, le sujet (spectateur) et l'objet (œuvre) ne font qu'un.  Là, il n'y a pas de place pour le simple goût. Notre vécu ne se projette pas.
Le beau est une trame avec des règles mais qui se déploie à l'infinie.
L' art est lié au principe du constant qui relie l'art et l'univers. L'art est à la fois un concept abstrait et une réalité concrète.  Comme concept abstrait il est immuable, comme réalité concrète il se déploie à l'infinie.   
Le beau par le constant, par l'immuable, par la structure parfaite "d'un théorème mathématique", appelle à "l'éternité".   
Le beau qui le plus puissamment relie l'homme au monde  et à "l'éternité" c'est le beau dans l'art. L'art étant l'expression de la conscience de l'existence, le beau est son fondement même.  
Mais, partant du principe qu'un objet d'art  est gratuit et unique on est passé facilement à la constatation qu'il se suffit et il n’est « beau » qu’en et par lui-même. Il sert ainsi de garant à l'individu libre qui se complaît dans le seul fait d'exister, unique et affranchi de toute contrainte, beau du simple fait qu'il est libre. Ainsi on supprime à l'art son caractère d'absolu et tout objet se manifestant par son inutilité peut être considéré comme objet d'art. Mais c'est la sentence même de la mort de l'art.
Le beau par sa proximité du bien autorise le jugement par rapport à la qualité, dans le discernement du "c'est bien" et "ce n'est pas bien". Une œuvre qui ne repose sur aucun fondement est hors de la possibilité d'appréciation d'une quelconque qualité. La qualité de l'œuvre est dans son approximation à ce que l'art est sensé être, c'est à dire, principalement, producteur  de l'émotion esthétique. Toute œuvre d'art est riche en possibilité d'expression, de manifestations, de discours qui en  appellent à nos sentiments mais, le  seul jugement de qualité possible est à travers le beau, c'est à dire la structure interne de l'œuvre. C'est à partir de cette structure qu'elle se distingue du discours ordinaire.
Le jugement de la qualité de l'œuvre est indispensable  car l'art est formateur.

Depuis le postulat que l'art est impossible à définir (Kierkegaard) et  l'identification du beau avec le simple goût subjectif, l'art perd toute sa spécificité et tout le jugement  de la qualité de l'œuvre devient impossible. Le beau est considéré comme obsolète et le jugement sur la qualité de l'œuvre est remplacé par toutes autres considérations comme, la nouveauté, le message, l'action, ... ces attributs pouvant faire partie de l'œuvre mais aucunement lui assurer sa spécificité. Progressivement l'œuvre même finit par disparaître.

L'œuvre d'art reposait sur la structure interne harmonieusement ordonnée, sur la durée en se rattachant au passé, sur le présent par l'ajustement à son époque,  et se prolongeait dans le futur en se fondant sur ce qui en lui est immuable, le beau. Ainsi, l'œuvre acquiert la forme du vivant qui lui assigne sa spécificité et que chaque nouveau regard réactive à l'infini. Dans cette œuvre se rencontrent l'artiste et le spectateur étant ce par quoi l'homme participe et s'inscrit au monde.

 

La durée dans lequel l'œuvre s'inscrit est abolie, les produits artistiques devenant éphémères.  Par la subjectivisation la production n'est centrée que sur l'action de l'artiste, l'intérêt de l'objet d'art ne réside que dans l'intention signifiante du projet de l'artiste. Pourtant, l'art est justement ce qui n'a  aucune intentionnalité. 

Le spectateur est réduit à une participation au jeu, déchiffrement du discours ou à la promenade de distraction. Le spectateur reste extérieur à l'œuvre

 

Ainsi, dans les produits contemporains on assiste à la suppression de l'œuvre d'art ces produits ne reposant sur aucun fondement et ne se distinguant en rien de tout autre objet. L'iconoclasme moderne à triomphé . Etre iconoclaste c'est être contre le monde. Etre contre le monde c'est être contre la raison. C'est être contre l'homme.

Ksenia Milicevic



"L'expérience esthétique, parce qu'elle est une perception comblée et heureuse jusqu'à l'aliénation du sujet dans l'objet, nous invite à concevoir une indifférenciation originaire de l'homme et du monde. En deçà de la corrélation, elle témoigne d'une unité première que l'art s'efforcerait à la fois de ressouder et de dire".

Mikel Dufrenne,  Phénoménologie de l'expérience esthétique, PUF, Paris, 1953.


L'Art est la tendance vers la vie. Dans l'univers, tout oscille entre la "construction" et la "destruction". C'est le rythme du monde. Les sociétés humaines balancent périodiquement à travers l'histoire entre  la guerre et la paix. L'art appelle à la vie. Que le beau soit  l'essence de l'œuvre va de soi. Le beau est harmonie, apaisement, équilibre. C'est lui qui est le fondement tout naturel et objectif de l'indissoluble unité de l'œuvre.


"Il y a un lien profond entre les signes, l'événement, la vie, le vitalisme ! C'est la puissance de la vie non organique, celle qu'il peut y avoir dans une ligne de dessin, d'écriture ou de musique. Ce sont les organismes qui meurent, pas la vie. Il n'y a pas d'œuvre qui n'indique une issue à la vie".

Gilles Deleuze, Pourparlers, Editions de Minuit, 1990, p. 196.